jeudi 27 novembre 2008

Osho - L'amour est un état d'être


www.osho.com


L'amour c'est le rayonnement, le parfum qui se dégage quand on se connaît soi-même, quand on est soi-même. L'amour c'est une joie débordante. L'amour c'est quand vous avez vu qui vous êtes ; alors il ne reste rien d'autre que de partager votre être avec les autres.

L'amour c'est quand vous avez vu que vous n'êtes pas séparé de l'existence. L’amour, c'est quand vous avez ressenti une unité organique, orgasmique avec tout ce qui est.

L'amour n'est pas une relation, l'amour est un état d'être. Cela n'a rien à voir avec qui que ce soit d'autre. On n'est pas "en amour", on est amour. Et bien sûr, quand on est amour, on est "en amour"; mais c'est un résultat, un sous-produit, ce n'est pas la source.

La source, c'est que l'on est amour. Et qui peut être amour? Il est certain que si vous n'êtes pas conscient de qui vous êtes, vous ne pouvez pas être amour. Vous serez peur.

La peur, c'est juste l'opposé de l'amour. Souvenez-vous en, la haine n'est pas l'opposé de l'amour, comme les gens le pensent ; la haine, c'est l'amour à l'envers, ce n'est pas l'opposé de l'amour.
Ce qui est véritablement l'opposé de l'amour, c'est la peur. Dans l'amour on s’élargit, dans la peur on se rétrécit. Dans la peur on se ferme, dans l'amour on s'ouvre. Dans la peur on doute, dans l’amour on fait confiance. Dans la peur on se sent seul, dans l’amour on disparaît ; c'est pourquoi il n'est plus du tout question de solitude. Quand on n'est pas, comment peut-on se sentir seul? Alors ces arbres, ces oiseaux, les nuages, les étoiles sont toujours en vous.

L’amour, c'est quand vous avez connu votre ciel intérieur.

Méditez, dansez, chantez, et allez de plus en plus profondément en vous. Ecoutez les oiseaux plus attentivement. Regardez les fleurs avec étonnement, émerveillement. Ne vous remplissez pas de savoir, ne mettez pas d'étiquettes aux choses. C'est cela le savoir : le grand art d'étiqueter chaque chose, de tout catégoriser.

Apprenez des gens. N'ayez pas peur, cette existence n'est pas votre ennemie. Cette existence vous materne, elle est prête à vous soutenir de toutes les manières possibles. Faites confiance, et vous vous mettrez à ressentir en vous une nouvelle montée d'énergie ; cette énergie c'est l'amour. Cette énergie veut bénir l'existence toute entière, car dans cette énergie on se sent béni. Et quand vous vous sentez béni que pouvez-vous faire d'autre que bénir l'existence toute entière ?
L’amour est un profond désir de bénir l’existence toute entière.

Osho - Aimer vivre - Editions Almasta



mardi 25 novembre 2008


Le premier effet de la lumière après éblouissement initial,
c'est de nous révéler notre ombre.

Si nous restions dans l'éblouissement
le travail ne se ferait pas, la chambre du cœur ne serait pas transformée.



Jean Yves Leloup - L'éveil du coeur

Jean Yves Leloup, prêtre orthodoxe transmet dans ce passage un aspect de la tradition de la pratique méditative et de prière de l'hésychasme (paix et silence) en nous situant la place essentielle du cœur dans toute démarche spirituelle.


Avoir un coeur ce n'est pas seulement se centrer sur une partie du corps, c'est une certaine façon d'être, de voir, de respirer avec le coeur. Le propre du coeur c'est de tutoyer toutes choses, de vivre non pas dans un monde d'objets, mais dans un monde de présences. La prière hésychaste a pour but cet éveil du coeur ; cette sensibilité à la présence de Dieu en toutes choses.

Avoir un cœur ; c'est être centré, sortir de la dispersion du mental, des pensées qui vont et qui viennent. Le cœur a une fonction d'intégration de la personnalité - intégrer la fonction vitale et la fonction intellectuelle - d'où cette expérience «faire descendre l'intellect dans le cœur», le pacifier, le centrer, faire du cœur l'organe même de la conscience, une conscience non ratiocinante, plus intuitive qu'analytique, perception globale des êtres et des choses dans leur caractère à la fois fugace et éternel, perception aimante qui permet de mieux «voir» ce qui est.

Par cette «descente» de l'esprit dans le cœur qui n'est pas un mouvement spatiotemporel, mais un acte d'intégration, une façon de centrer la pensée, de cordialiser sa conscience, nous nous rapprochons du cœur du Christ et de son regard «non juge» sur tout ceux qu'II rencontrait. A cette «descente» de l'esprit nous pourrions ajouter la «remontée de l'énergie vitale» dans le cœur, qu'il s'agisse de la pulsion génitale ou d'une autre pulsion.
Le cœur est cette faculté qui va transformer l'élan aveugle de la pulsion en énergie d'amour, la dimension animale de l'homme n'est pas niée mais c'est dans le cœur qu'elle se personnalise, l'homme n'est pas qu'un animal doué de raison, c'est aussi un animal capable d'amour, c'est-à-dire capable de respect, et c'est dans le cœur que la libido accède à cette dimension.
Si le cœur est absent, l'amour n'est que le frottement de deux épidermes, une extase douloureuse de caniches, il n'est pas rencontre de personnes.


Jean Yves Leloup - Ecrits sur l'Hésychasme - Editions Albin Michel




lundi 24 novembre 2008



Vision sur écran de l’imaginaire :

Sur le sable, deux traces de pas sont en mouvement :
ceux d’un homme et ceux de Dieu.

L'homme sourit.
Puis son sourire s'évanouit dès que repassent devant ses yeux
les premiers temps d'orage et de malheur de son existence.

Toujours prête à prendre le relais de la tristesse,
sa colère monte lorsqu'il constate que,
dans ces périodes douloureuses,
il n'y a plus qu'une seule trace de pas sur le sable.


"Évidemment, c'est là que Dieu nous lâche", maugrée-t-il.
Une voix lui répond :
"Tu n'as encore rien compris ; dans ces moments-là,
Dieu te portait dans ses bras".



Inspiré de H. Gougaud



mardi 18 novembre 2008




"Lorsque nous sommes tendres envers notre corps,
nous sommes tendres envers le monde,
et cette tendresse se répercute dans l'univers
et nous revient comme un écho."


lundi 17 novembre 2008

Charles Genoud - Intimité sensorielle

Charles Genoud conduit des retraites dans les traditions vipassana et tibétaines. L'extrait est tiré d'une retranscription d'un enseignement donné à Paris.

www.vimalakirti.org


Nous utiliserons donc la présence au corps : sa densité, sa température, sa qualité vibratoire, pour ancrer notre présence. Il se peut que dans l'expérience sensorielle de la présence au corps se produisent des fluctuations dues, par exemple, au mouvement de la respiration : une plus grande densité par moment, une moins grande à d'autres, dans certaines zones corporelles. Il est également possible de leur être présent, d'être à chaque instant avec l'expérience qui surgit.

Aucune expérience sensorielle n'est extérieure à notre champ de méditation. Si, ayant choisi d'être présent aux sensations corporelles, j'entends le chant des oiseaux, ce n'est pas une distraction, ce n'est pas un obstacle à la méditation, c'est simplement une autre expérience dans l'instant présent : celle de l'audition du chant des oiseaux, comme ce pourrait être celle du son d'une cloche. Chaque expérience sensorielle n'est vécue que dans l'instant présent.

Et, ce qui nous intéresse, n'est pas de faire l'inventaire des oiseaux qui se trouvent dans le parc, mais la qualité de présence dans chaque expérience sensorielle. C'est elle qui nous relie à nous-même, qui permet le développement de l'intimité. Non le fait de connaître le nom des oiseaux, mais celui d'être relié à l'expérience sensorielle d'entendre. Non l'inventaire des tensions que j'ai dans les épaules (c'est un autre travail), mais l'expérience de la qualité de présence dans les sensations corporelles.

Il s'agit donc de rester à chaque instant en intimité avec nous-même, au moyen des expériences sensorielles. Cela signifie qu'il n'y a rien à changer, rien à manipuler. Dans l'instant présent il est impossible de changer quoi que ce soit. Pour changer quelque chose, transformer, la durée est nécessaire, il faut introduire le futur. Donc, rien à changer, rien à transformer, seulement se relier à chaque instant à l'expérience sensorielle qui surgit.



vendredi 7 novembre 2008

Jean Letschert - Ame soeur, inspiratrice et révélatrice

Jean Letschert est artiste, philosophe et écrivain. Il évoque dans ce passage comment le féminin, "la muse" est pour lui source d'inspiration et comment "l'âme sœur" peut être révélatrice d'une spiritualité où se conjugue si bien Eros et quête intérieure. Un point de vue intéressant pour continuer à enrichir le questionnement de la présence du Féminin en Soi, dans la relation et dans le monde.



«Si tu peux comprendre l’âme d’une femme, tu connaîtras le monde et ce qu’il y a derrière le monde».

La vie spirituelle est un perpétuel devenir. Sa trajectoire sinueuse avance indéfiniment vers une spiritualisation de plus en plus intense et vivifiante des formes simples de notre vie quotidienne.
Le maître spirituel, pour ceux qui en ont connu un dans la chair, doit se transformer en maître intérieur. Cette métamorphose se produit comme un lent «fondu enchaîné» au cours duquel l'apport spirituel du maître extérieur se dissout dans la substantifique moelle de la conscience, apportant la sève nourricière d'où émergera un corps de vérité qui envahira, peu à peu, l'être tout entier. Tel est le vrai travail de la quête. Le maître intérieur est cette présence infaillible qui témoigne de l'authenticité dont nous avons fait nôtre les enseignements du maître extérieur.
Là encore nous pourrons observer à quel point une présence féminine agit souvent comme miroir du maître intérieur, le stimulant et le mettant à l'épreuve, exigeant sans cesse de lui qu'il émerge plus souvent à la surface de nous-mêmes, afin d'étendre ce corps de vérité au-delà des limites existentielles. Devenir un maître intérieur à fleur de peau.

La désacralisation institutionnelle de la vie que nous impose le monde moderne a fait oublier à l'homme qu'il existe des muses, et qu'elles sont bel et bien parmi nous. Si le maître spirituel est un modèle de sagesse, la muse est un modèle de la grâce à laquelle aspire l'âme. Sa fonction consiste à conduire l'âme vers le logos par le canal de l'éros. L'ascétisme pur et dur, souvent dépourvu de poésie et d'esthétique, refoule généralement ce processus cependant naturel, rejetant toute intervention de la muse en tant que catalyse à l'expérience de la béatitude. L'ascétisme peut ainsi devenir une névrose parmi tant d'autres. Une spiritualité qui conduirait à la réconciliation des contraires se doit d'envisager méthodiquement la conjugaison harmonieuse de l'ascétisme et de l'érotisme. La prédominance salutaire du féminin dans mon destin spirituel m'aura sans doute préservé de me retrouver tel un reclus solitaire, vivant loin du monde, des hommes... et des femmes.

À plusieurs reprises, la muse s'est faite chair dans ma vie, et aujourd'hui elle s'est faite« âme sœur». Depuis quelques années, mon maître intérieur se mesure à la qualité de la présence de cet être aimé, prenant conscience que le baromètre de nos niveaux spirituels se trouve au centre de la spiritualité conjugale. Si nous sommes tous nés d'un couple, il m'apparaît que les exercices spirituels à la fois les plus exaltants et les plus périlleux se vivent au sein de la vie de couple, où tous les masques et les derniers subterfuges de l'ego tombent littéralement. Nous pouvons, pendant des années, apprendre un rôle par cœur sans comprendre le sens qui l'anime, notre vie dite «spirituelle» peut très bien n'être qu'un vulgaire plagiat d'un enseignement sublime. La constante présence de l'âme sœur est l'interlocuteur infaillible qui nous oblige de sortir du rôle pour entrer dans l'actualisation.

Inspiratrice et révélatrice, mon âme sœur met désormais en forme et en musique les murmures de mon maître intérieur, donnant à son éveil la plus belle raison de ne plus m'assoupir. Ce féminin, au départ insondable et mystérieux, est devenu une réalité au quotidien, dehors comme dedans. A travers elle toute ma spiritualité s'incarne et s'actualise, et tout ce que je croyais avoir intégré, elle parvient à me le faire redécouvrir et réaliser sous des angles nouveaux, plus proches de la simplicité du réel. L'exigence de son amour est le plus purificateur des filtres magiques. Mais, par l'amour qui nous lie, je sais qu'elle désire ardemment que je comprenne la profondeur de son âme, et que la mienne luise comme le jour dans le secret de sa nuit. Par sa liberté d'être femme et sa dignité d'être mère, elle me fait chaque jour reconnaître le monde comme une continuité indissociable de l'Esprit.

Et par sa transparence et sa vérité, au travers de ce qu'elle est, j'aperçois, enfin, ce qu'il y a derrière le monde.


Jean Letschert - Le Couple Intérieur - Editions Albin Michel



mardi 4 novembre 2008

Jean klein - Le corps, expression de notre totalité ...



«Le yoga, c'est de s'asseoir correctement,
d'agir correctement, de se comporter correctement, dans l'instant même.
C'est d'être approprié à la situation dans toute votre action mentale et physique.
Le yoga, c'est d'être uni avec le présent».




Le travail corporel débute avec la conviction qu'il n'y a rien à accomplir ou à devenir. C'est seulement une façon de faire connaissance avec ce que nous considérons comme établi, notre corps, nos sens et notre mental. Cela nous amène d'abord à connaître ce que nous ne sommes pas, et, finalement, ce que nous sommes fondamentalement devient clair. Alors le corps, les sens et le mental sont une expression de notre totalité.

Le corps est les cinq sens et les cinq sens sont le corps, mais en général les cinq sens sont conditionnés. Pour vous, le corps est plus ou moins une image construite dans votre cerveau, et ce n'est donc pas le corps réel qui se réveille le matin mais une série d'images qui viennent à vous… Lorsque les cinq sens sont libres de la mémoire, vous sentez que le corps est principalement fait de couches de sensation. Encourager la sensation corporelle vous donne un avant-goût de votre sensation globale. Cela vous ramène également à l'équilibre de votre corps dans sa totalité. La sensation globale va au-delà de la forme physique du corps. Elle se répand dans l'espace environnant. C'est cette sensation d'expansion qui aide à annihiler l'image de soi puisque l'ego n'est qu'une contraction, une fraction. L'expansion est le «non-état» sans ego. Dans l'expansion il n'y a pas d'isolement. C'est l'amour.

Et l'outil qu'on utilise dans cette approche corporelle, c'est une «écoute» profonde, libre d'interférence mentale. Grâce à cette écoute les couches subtiles paralysées de l'énergie corporelle peuvent se déployer. En travaillant par l'écoute sans volonté ou but à atteindre, le corps trouve son état originel de légèreté, d'expansion, de transparence et l'harmonisation naturelle de l'énergie. En travaillant avec le corps dilaté, on parvient au mental dilaté. Le corps-mental dilaté est le seuil de notre être réel, la conscience sans objet.

Au début, il semble que l'accent soit mis sur le corps, mais à la fin l'accent est mis sur l'écoute eIle-même, qui est réceptivité, ouverture, notre nature véritable dans laquelle le corps et le mental existent.
Ce que vous appelez votre corps n'est qu'une enveloppe dans laquelle vit un corps subtil. Ce corps intérieur est une énergie subtile, la force vitale qui soutient le corps physique. Toute notre sensibilité dépend de cette force vitale. De manière paradoxale, bien que le corps subtil réside dans le corps physique, il rayonne au-delà de lui et rencontre l'environnement. Ainsi le corps dans sa totalité a une extension bien plus grande que ce que l'on croit en général. Comme le corps physique est au cours de votre vie de plus en plus conditionné par l'effort, il devient un nœud de tensions et de contractions qui paralyse l'expression du corps subtil. Son rayonnement est gêné et le corps physique est coupé de son environnement. Lorsque cette force vitale est obstruée, il y a un vieillissement prématuré du corps physique qui se manifeste d'abord par une diminution de la sensibilité et de l'énergie. Dans le corps naturel en bonne santé chaque cellule est pénétrée par la vie.

Notre approche est donc de ramener l'énergie corporelle à sa pleine expression, comme c'est le cas dans la petite enfance. En étant conscient de cela, elle retrouve un fonctionnement complet. Donc, la première chose que nous faisons dans notre travail corporel est d'éveiller le corps énergétique, d'en faire un objet de conscience. Cette énergie est ressentie, c'est une sensation. C'est cela que je nomme sensation corporelle. Lorsque la sensation de l'énergie est pleinement vivante, elle amène une modification de la structure physique. Toute autre tentative de changer le corps provient de la volonté, du mental, et c'est une violence.

Dans tout mouvement c'est le corps énergétique, le corps vital, qui bouge et qui entraîne le corps physique. L'accent dans notre enseignement à ce niveau n'est donc pas mis sur la posture ou sur la structure physique, mais sur cette sensation corporelle. Lorsque le corps vital est éveillé, toute la structure musculaire est détendue et une réorchestration de l'énergie s'effectue. Chaque sens n'est plus limité à son organe physique mais s'étend au corps entier. Dans cette sensation globale tous les sens participent. Le fait d'être dans l'expansion vous mène automatiquement au-delà de l'idée d'être une entité séparée. Le travail corporel est une façon de vous amener à l'union avec tous les êtres.


Jean Klein - Qui suis-je ? La quête sacrée - Editions Le Relié Poche




dimanche 2 novembre 2008

Michel Random - Le mystère au féminin ...

Michel Random est philosophe et écrivain.


Dans un texte « Les ultimes recommandations de Dieu à Adam et Ève », Michel Random écrit : «Je donne à Ève le pouvoir sur les trois mondes, le ciel, la terre et le monde souterrain. Ainsi, par elle se transmettra l’initiation des trois mondes. En ce sens elle restera toujours un mystère pour toi (Adam) à qui je donne le ciel et la terre mais non le monde souterrain. Car de même qu'elle donne la vie, Ève transmue la vie. La transmutation est le passage d'un état à un autre. Mais pas plus que le mystère de l'enfantement ne t'est donnée la vision des mystères de la mort. Eve, seule, peut franchir le pont obscur de l’indicible. Tu seras pour elle le guerrier, le protecteur et l'enfant. Ne tente pas de la réduire, ni par la force, ni par la coutume, ni par la loi. En Ève, la vie et le désir ne sont qu'un. Enfreindre ce statut, c'est menacer la vie».


Les femmes doivent se reconnecter à leur puissance féminine et principalement au troisième monde, le monde souterrain. Elles seules y ont accès. Dans le dualisme masculin-féminin, on évacue toujours cette notion alchimique de l'être. Et pourtant, la vie porte un sens, les choses ont été créées avec une conscience divine qui introduit, dans l'ordre du monde, le mystère même de la vie, de la création, de la mutation vie-mort. Et la femme a le pouvoir d'assumer cette mutation, c'est-à-dire d'affronter la vie et d'affronter la mort, le visible et l'invisible. Et cette fameuse peur du féminin, implicite chez beaucoup d'hommes, vient du fait qu'ils n'arrivent pas à assimiler ce mystère. Il faut dire aux hommes : «Oui, le mystère féminin est fermé, mais il n'est pas impur. Toute l'Initiation, à travers des millénaires, a été transmise par les femmes, elles étaient les maîtresses de l'Initiation».

Dès que l'homme crée une opposition, il sépare le ciel et la terre, il désincarne le processus vivant. Dès que l'on dissocie l'être de son mystère, on ne comprend plus le féminin. Le refus du mystère et celui du féminin sont une même chose. On veut contrôler ce qu'on ne comprend pas, donc restreindre la femme à son rôle d'épouse, de mère ou encore d'objet sexuel. La sexualité féminine effraie. Encore aujourd'hui, la femme est ressentie comme un être équivoque, sinon démoniaque, un être dangereux qui à tout moment peut vous glisser des peaux de bananes. Aux yeux de certains hommes, toute femme cache une sorcière. C'est ce qui justifie un terrorisme direct ou caché à l'encontre des femmes. Dans les religions traditionnelles, pourtant, la femme était vénérée dans tous ses aspects, y compris dans les rites religieux. En fait, le féminin est par essence sacré. C'est le sens de la hiérogamie. Le roi prêtre tient son pouvoir du féminin.

Le pouvoir féminin octroie le sacerdoce du visible et de l'invisible. Le masculin fait vibrer le mystère, mais il ne peut l'assumer qu'à travers le féminin. Il peut participer au mystère... mais il n'est pas femme! Cet aspect alchimique du féminin se retrouve dans les mythes.
Dans le shintô, il existe le couple créateur : Asanami et Isanaki. À sa mort, Asanami descend aux enfers, dans le monde souterrain. Isanaki veut la suivre. Mais il est interdit au masculin d'assister au mystère alchimique de la désagrégation et de la mutation de la vie à la mort et de la mort à la vie. L'homme est fait pour être un guerrier, un combattant, un Don Juan à la rigueur, mais il n'est pas fait pour aborder les sources de la vie et de la mort. Voyant qu'Isanaki l'a suivie, Asanami, furieuse, va le chasser.

Le mystère de la vie signifie que tout être est en résonance avec l'univers. Par exemple, on peut entendre aujourd'hui le son des planètes enregistré par la Nasa. C'est une fabuleuse et indicible pulsation. Mais ce son, cette vibration, est très proche du son qu'entend le bébé dans le ventre de sa mère, c'est aussi une pulsation semblable à la pulsation cosmique. L'enfant et la mère sont donc étroitement reliés au monde cosmique. L'homme n'est plus conscient de son union au monde cosmique, alors que la femme, par ses cycles biologiques et psychiques, y demeure étroitement liée. Cette relation cosmique détermine le mystère féminin…

L'homme n'aura jamais accès à ce monde, sauf s'il réalise son être, sa plénitude, l'amour au sens de respect. L'amour réalise la fusion parfaite.


Michel Random - Le féminin au secours du vivant - Extrait de "Le couple intérieur " Editions Albin Michel